Une femelle bonobo, patiente et persévérante, a ravi à une bande de chimpanzés mâles empêtrés dans leurs rivalités le titre de « singe le plus intelligent du monde » lors d’une série de tests organisée par deux parcs zoologiques belges.
Les six épreuves consistaient à présenter aux primates des deux espèces les mêmes puzzles et labyrinthes pour qu’ils en fassent sortir des oranges ou des noix, par une manipulation ingénieuse ou à l’aide d’outils rudimentaires comme des branches effeuillées.
A l’origine, l’initiative était avant tout ludique mais il s’agissait aussi de sensibiliser le public et de financer un projet d’alternatives à la chasse aux singes au Cameroun, où la « viande de brousse » est souvent considérée comme un mets de choix.
Mais le résultat du concours est une surprise pour les scientifiques qui s’attendait en effet à une victoire des chimpanzés, connus pour recourir souvent à des branches afin de se nourrir de fourmis ou de termites, ou à des pierres pour ouvrir des noix. Les bonobos sont eux aussi capables d’utiliser des outils, mais ils sont réputés moins habiles et cela n’a jamais été observé à l’état sauvage, souligne-t-il.
En outre, les chimpanzés étaient habitués par leurs soigneurs à de tels labyrinthes, alors que les bonobos ont d’abord été effrayés par les nouveaux jeux.
Les primatologues n’avaient pas prévu les problèmes politiques des chimpanzés d’Anvers, où deux jeunes mâles ont commencé à contester le mâle dominant qui régnait depuis dix ans sur le groupe. Au milieu de ces luttes de pouvoir, les jeux proposés n’ont rencontré qu’un intérêt limité.
Chez les bonobos, une société plus paisible et matriarcale où le sexe sert à réguler les conflits, c’est une jeune femelle, Djanoa, qui a, à elle seule, remporté quatre épreuves sur six.
Avec la victoire de Djanoa, le travail de recherche ne fait que commencer car elle soulève de nouvelles questions : Djanoa l’a-t-elle emporté parce qu’elle est plus persévérante que ses congénères? Ou simplement parce qu’elle est la seule à vraiment aimer les noix ? Est-elle parvenue à monopoliser les jeux en interdisant aux autres d’y accéder, alors qu’elle n’est même pas la femelle dominante du groupe ?
Autant d’interrogations auxquelles les chercheurs des deux parcs zoologiques vont désormais chercher des réponses, en variant les friandises placées dans les jeux, en en proposant plusieurs simultanément, ou encore en confrontant les singes individuellement aux labyrinthes et aux puzzles.
Avec une seule manche sur six remportée par un chimpanzé mâle, le jeu aura aussi permis de confirmer qu’aussi bien chez les bonobos que chez les chimpanzés – deux espèces qui ont 98% de gènes en commun avec l’Homme – « les femelles sont les plus douées pour ce qui est d’utiliser des outils », souligne un primatologue.
Si vous voulez en savoir un peu plus sur le bonobo et son habitat naturel en République démocratique du Congo, allez-donc faire un tour sur le magnifique site internet de Claudine André, fondatrice de Lola ya bonobo, un sanctuaire recueillant des petits bonobos orphelins.
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