NOUVELLES MENACES SUR L’AMAZONIE

Il y a de quoi perdre confiance encore un peu plus sur la nature humaine…et se radicaliser.

A l’heure où l’on annonce un recul historique de la déforestation en Amérique Latine, et en particulier au Brésil, l’évaporation de l’Amazonie par le Sud pourrait bien, en réalité, s’emballer dans les prochaines années. La semaine dernière, le gouvernement brésilien a décidé de remettre à mars 2012 le vote sur le projet de réforme du Code forestier – un projet de loi émanant directement des « ruralistas », la faction politique représentant les intérêts de l’agroalimentaire et des grandes propriétés rurales. Si ce délai supplémentaire laisse plus de temps pour se mobiliser contre cette réforme rétrograde, il laisse également plus de possibilités aux porteurs du projet de loi pour accentuer son potentiel destructif…

Si le texte était accepté en l’état, il porterait gravement atteinte aux dispositifs existants de limitation du défrichement dans les propriétés rurales, qui représente le premier facteur de déforestation dans le sud de l’Amazonie. Ainsi, le défrichement dans la « Réserve légale » (pourcentage de la surface des propriétés rurales devant être maintenu en couvert forestier) pourra être excusé sur simple déclaration qu’il a eu lieu à une époque où la loi ne l’interdisait pas. Ceci, bien sûr, sans vérification ! Quant aux « Zones de protection permanente » (maintien des forêts en bordure de cours d’eau et en zone de forte pente), elles seraient considérablement restreintes par le mode de calcul proposé.

Et ce, malgré l’opposition farouche de la société civile, qui rejette en majorité la réforme qui met en péril une surface de forêt amazonienne aussi grande que l’Allemagne, l’Italie et l’Autriche réunies. Selon le WWF, cela se traduira par une perte forestière de 75 millions d’hectares.

Avec tout ce que cela implique au niveau perte de biodiversité inestimable, aggravation du changement climatique (faut-il le rappeler, la déforestation compte pour environ 20% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, contre 13% pour le secteur des transports), problèmes accrus pour les peuples indigènes qui vivent dans ces forêts, etc.

De manière plus générale, ce sont de nombreux concepts utiles à la limitation de la déforestation qui sont mis en danger par cette réforme du Code forestier. Outre l’objectif affiché d’amnistie de défrichements illégaux déjà réalisés, les nombreuses ambiguïtés et failles juridiques béantes ouvrent grand la porte à une accélération du grignotement de l’Amazonie par le Sud, en toute légalité.

L’actualité du Code forestier et des mobilisations est à suivre ici mais en anglais.

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