En diminuant les distances interhumaines, mécaniquement, et en permettant sans arrêt une augmentation des échanges humains (un milliard de voyages en avion par an), la mondialisation entraîne une relative homogénéisation des écosystèmes.
La première grande vague de mondialisation a été la rencontre du Nouveau Monde et de l’Ancien Monde au XIe siècle après Christophe Colomb. Les animaux domestiques européens euro-asiatiques ont envahi l’Amérique puis l’Australie (chats, porcs, poules, chevaux, moutons, veaux, vaches) tandis que les légumes américains ont occupé le reste du monde (tomates, pommes de terre, maïs, poivrons, piments, topinambours, haricots, chocolats). Les plantes utilisées comme drogues ont aussi suivi cette mondialisation (tabac et cocaïne venant d’Amérique et opium venant d’Asie).
Alors que l’isolement permet une diversification des espèces, la mondialisation a permis à certaines espèces de devenir « épidémiques », c’est-à-dire de se répandre à la surface de notre planète. C’est le cas de l’espèce humaine qui a colonisé l’ensemble de la Terre.
D’où la grande crainte d’une mondialisation des virus : la diffusion épidémique d’un nouveau virus particulièrement adapté à l’homme, se répandant à la surface de la Terre à une rapidité folle du fait des voyages et des concentrations urbaines favorisant la transmission interhumaine.
En réalité, la diversité virale diminue rapidement, de façon comparable au déclin de la biodiversité des plantes et des animaux sur laquelle a insisté le récent sommet de Rio. Plusieurs travaux ont montré que la population virale de l’eau de mer autour des îles désertes était beaucoup plus riche et diverse que celle des îles habitées par l’homme. Il en est de même de tous les environnements. Les microbes et les virus, vivant en conditions extrêmes (froid intense, forte chaleur, grande profondeur), et donc épargnés par l’homme, affichent une bien plus grande diversité que les autres.
Autour de l’homme, si la biodiversité diminue, cela concerne aussi bien ce que nous voyons (les plantes et les animaux) que ce que nous ne voyons pas (les bactéries et les virus).
Au final, en limitant la biodiversité de son environnement, l’humanité diminue le risque de développement d’espèces nouvelles qui pourraient être dangereuses pour lui, mais empêche aussi l’apparition et la perpétuation de formes de vie – pas forcément utiles aujourd’hui, mais qui auraient pu l’être un jour. Nous ne le saurons pas car elles auront disparu si nous en avons un jour besoin pour survivre…
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