FOIE GRAS : LE « BIEN-ÊTRE » ANIMAL À LA FRANÇAISE

Depuis le 1er Juillet 2012, la production et la vente de foie gras sont interdites en Californie, en raison de l’atteinte au bien-être des oies et des canards.

La France, bonne donneuse de leçons lorsqu’il s’agit de juger ses voisins, continue de produire du foie gras dans des conditions le plus souvent parfaitement illégales : la Directive européenne du 20 juillet 1998 concernant la protection des animaux dans les élevages précise : « les animaux reçoivent une alimentation saine, adaptée à leur âge et à leur espèce, et qui leur est fournie en quantité suffisante pour les maintenir en bonne santé et pour satisfaire leurs besoins nutritionnels. Aucun animal n’est alimenté ou abreuvé de telle sorte qu’il en résulte des souffrances ou des dommages inutiles ».

Depuis le 1er janvier 2011, une recommandation européenne précise que les canards doivent pouvoir « se retourner sans difficulté », « battre des ailes » et  « interagir normalement avec d’autres individus » pendant leur élevage. Or, les cages individuelles utilisées en France pendant le gavage, appelées « épinettes », ne permettent pas aux canards de se mouvoir. Dans cette cage, un canard ne peut justement pas étendre ou battre des ailes, ne peut pas se retourner ni se lisser les plumes. Les salles de gavage comptent jusqu’à 2000 canards !

Le foie gras est un phénomène franco-français. La plupart du foie gras mondial est produit, transformé et consommé en France : 83 % de la production, 98 % de la transformation et 90 % de la consommation.

En 2010, la production mondiale s’élevait à 26 500 tonnes, la part française étant de 19 500 tonnes. Ces tonnages sont l’accumulation de foies d’animaux, soit, pour la France les foies de 30 millions de canards (pour 37 millions de canetons mis en place intialement…) et près de 800 000 oies. Les deux autres principaux pays à produire du foie gras sont la Hongrie et la Bulgarie loin derrière la France (dans les 3 000 tonnes).

Si la France exporte un peu vers l’Espagne, la Belgique, la Suisse, le Royaume-Uni ou encore le Japon, la plupart de la consommation mondiale se fait en France qui importe aussi du foie gras notamment des pays de l’Est.

Le foie utilisé est aujourd’hui presque exclusivement celui d’un canard. En rapport, l’utilisation des oies est anecdotique. Les canards utilisés pour le gavage sont des canards dits « mulards ». Ce sont des hybrides stériles obtenus par croisement entre un canard de barbarie mâle (Cairina moschata), et une femelle de canard domestique (Anas platyrhynchos). Ce sont des canards qui sont muets (pour les mâles) et qui ne savent pas voler.

La production de foie gras se fait en plusieurs étapes. Les poussins naissent dans un couvoir dans de grandes armoires d’incubation. Ils sont ensuite triés par sexe. Il existe deux techniques pour le faire, soit par autosexage (pour certaines souches, la sélection génétique permet de différencier mâles et femelles par une tâche noire sur la tête des animaux), soit par retournement du cloaque. Seuls les mâles sont gavés, l’utilisation des femelles est interdite. Le foie des femelles est trop nervé. Les femelles mulardes sont élevées pour leur viande ou éliminées (généralement par broyage) après leur naissance (on sait que la même chose se produit – mais pour les mâles cette fois – dans les élevages de poules pondeuses).

A un jour, les canetons sont transportés dans un élevage qui les mènera jusqu’à la phase de gavage à l’age de 80 jours environ. Certains éleveurs ne font que du « prêt-à-gaver », d’autres élèvent et gavent sur l’exploitation. Certains pratiquent aussi l’abattage sur place mais aujourd’hui la plupart des animaux sont transportés et tués dans des abattoirs, organisation de la filière oblige…

Le gavage consiste à administrer de force à l’aide d’un tuyau enfoncé de la gorge à l’estomac de l’animal des aliments très énergétiques et déséquilibrés dans d’énormes quantités : en 45 à 60 secondes, ou, grâce à des techniques plus « modernes » par pompe pneumatique, en 2 ou 3 secondes, l’animal ingurgite, deux fois par jour, plus de 450 g d’aliments, soit, pour un homme de 70 kg, deux fois 7 kg de pâtes en quelques secondes. Il faut évidemment prendre cette comparaison pour ce qu’elle est : un ordre d’idée des quantités ingurgitées de force aux oiseaux. Il est certain que les canards ont des capacités physiologiques différentes de celles des êtres humains.

Suite au choc du gavage, l’animal est immédiatement pris de diarrhées et de halètements. En outre, les dimensions de son foie hypertrophié qui atteindra presque 10 fois son volume normal en fin de gavage, rendent sa respiration difficile, et ses déplacements pénibles. Les sacs pulmonaires sont compressés, le centre de gravité de l’animal est déplacé.

Le gavage est une violation des règlements et des principes les plus élémentaires de protection des animaux. Le gavage est interdit non seulement en Californie, mais aussi dans la plupart des pays de l’Union Européenne, et depuis 2005 en Israël.

Ne mangez plus de foie gras s’il vous plaît.

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