L’ENNEMI DE MON ENNEMI…RESTE LA CHENILLE !

Quand une escadrille de chenilles s’abat sur un arbre, celui-ci se défend en émettant des hormones odorantes pour attirer des parasites de ses prédateurs…

Bien joué… sauf qu’une équipe de chercheurs néerlandais vient de découvrir que ces mêmes composés volatils attirent certains des parasites…des parasites et que les chenilles fissent par retrouver vigueur et appétit : les arbres dépérissent de plus belle !

Les chenilles processionnaires du pin sont un exemple flagrant des dommages pouvant être causés aux arbres et dans le cas précis les pins et les cèdres dont elles consommes les aiguilles des pins. Des branches sont défoliées, d’autres portent des aiguilles jaunies et flétries, comme brûlées. La défoliation ne provoque pas la mortalité des arbres mais en ralentit la croissance. Les chenilles forment des nids très visibles en hiver et les arbres prennent un aspect peu esthétique.

En fin d’hiver et au printemps, les chenilles se déplacent en effet  au sol en procession – d’où leurs noms. On peut aussi en voir occasionnellement lors de belles journées d’hiver ou même en fin d’automne. Les chenilles sont recouvertes de poils urticants et peuvent occasionner des désagréments ou même des ennuis graves aux personnes et aux animaux. Chaque poil est relié à une glande à venin. Ce venin, provoquant une nécrose tissulaire, est libéré lorsque le poil très fragile se casse. En cas de vent, des poils urticants infestant les nids peuvent être dispersés et tomber sur les promeneurs ou être inhalés.

Les ennuis provoqués sont des démangeaisons, des oedèmes, des troubles oculaires, des accidents respiratoires et d’autres symptômes plus ou moins graves suivant les individus, en particulier s’ils sont allergiques ou asthmatiques. Les petits enfants sont particulièrement exposés à ces risques (en cas de symptôme, consulter immédiatement). Les nids de chenilles dans les lieux publics, parcs et jardins, sont donc une grave menace de santé publique, qui devrait être sérieusement prise en compte.

Les chiens sont tentés de flairer les chenilles de près et d’en avaler, ce qui provoque une nécrose de la langue, et peut être mortel (consulter immédiatement un vétérinaire). On m’a rapporté le cas d’un poney mort des suites de l’ingestion d’une branche infestée. Les chats, plus prudents, sont rarement atteints.

Les chenilles ont malheureusement peu de prédateurs, les oiseaux en général ne les mangent pas à cause de leurs poils urticants et de leur mauvais goût. Seul le coucou s’attaque aux chenilles, parfois même dans leur nid, et la mésange huppée chasse la première forme larvaire. Leur principal prédateur est le grand calosome, un carabe, insecte coléoptère vivant ordinairement sur le sol, remarquable avec ses élytres aux reflets verts métalliques. C’est la larve de calosome, ressemblant quelque peu à une chenille, qui en fait la plus grosse consommation. Elle monte parfois aux arbres pour attraper ses proies. Plusieurs espèces de guêpes ainsi qu’un champignon, le cordiceps, peuvent les parasiter.

La chenille processionnaire du pin est décrite classiquement comme infestant la forêt méditerranéenne, et on la trouve en Europe méridionale et centrale, ainsi qu’en Afrique du Nord. En France, toutes les régions au sud d’une ligne Lorient – Orléans – Dijon sont atteintes, sauf en montagne. Certains pensent que les chenilles sont de plus en plus fréquentes.

Je n’ai pas trouvé de références confirmant ou infirmant ce fait, mais les chenilles bénéficient de conditions favorables :
- on a planté beaucoup de bois et forêts de pins,
- les hivers sont de moins en moins rigoureux, donc la chenille a pu s’étendre au nord de sa zone d’origine,
- les populations de calosomes et de guêpes parasites ont peut-être été affaiblies par les insecticides.

On trouve parfois des nids de chenilles sur d’autres arbres que les pins, comme la chenille processionnaire du chêne qui semble redoutée des forestiers.

La lutte contre les chenilles peut prendre différentes formes selon les saisons, en fonction des stades d’évolution de l’insecte. Les actions décrites dans les paragraphes ci-dessous ne dépendent évidemment pas des dates administratives des saisons, mais sont liées au cycle de l’insecte, variable suivant les régions et le temps.

Il n’existe aucun moyen de se débarasser définitivement des chenilles. Le traitement est à refaire chaque année. En effet, même si on détruit toutes les chenilles existant sur un terrain donné, les arbres seront réinfestés l’année suivante par des papillons pouvant provenir de plusieurs kilomètres. Ce traitement annuel doit donc être maintenu tant que des nids, et donc des papillons, existent dans la région.

Il n’y a pas de méthode de lutte contre le papillon lui-même sauf que la prétendue méthode consisterait à piéger les papillons en les attirant avec des phéromones, comme on le fait avec d’autres insectes.

Si vous aimez cet article, partagez le !