Contre toute attente, des éthologues helvétiques ont récemment confirmer l’existence chez des primates d’une police chargée d’intervenir, de manière impartiale, dans les conflits opposant les membres d’un même clan.
Autrement dit, le maintien de l’ordre n’est pas une préoccupation propre à l’homme.Un phénomène qui, bien que déjà identifié dans le passé, n’avait encore jamais fait l’objet d’études approfondies.
Afin d’en savoir plus sur les motivations à l’origine de cette pratique, l’équipe scientifique a décortiqué durant 2 années les comportements « policiers » d’une joyeuse bande de primates du parc zoologique Walter de Gossau (Suisse). Puis, elle les a confrontés aux observations faites dans trois autres parcs animaliers européens.
Résultats ? La police des chimpanzés semble être indifféremment composée de mâles et de femelles. Des individus de haut rang qui bénéficient d’une certaine « respectabilité » aux yeux des autres membres du clan. Quel que soit leur sexe, ils interviennent sur tous les types de conflits, que ceux-ci opposent des mâles, des femelles voire les deux.
Des éléments qui laissent penser que les motivations de ces primates appartenant aux « forces de l’ordre » ne sont ni d’imposer leur suprématie vis-à-vis de concurrents du même sexe, ni d’obtenir des faveurs de la part du sexe opposé… Sur le terrain, ils n’ont pas non plus pour habitude de favoriser leurs amis et se comportent en médiateurs impartiaux. Ce qui tendrait aussi à exclure la recherche d’un intérêt personnel.
En règle générale, les policiers chimpanzés ne font d’ailleurs guère de zèle. Selon les cas, les primates se contentent de s’approcher des belligérants pour tenter de calmer le jeu, s’interposent ou en viennent eux-mêmes aux… pattes.
Les conflits les plus susceptibles de faire l’objet d’une intervention semblent être ceux qui impliquent un grand nombre d’individus ou ceux qui sont particulièrement violents. Et les opérations de police se multiplient dès lors que l’équilibre du groupe est modifié, soit du fait du départ ou de l’arrivée d’un ou plusieurs individus, soit lors d’une modification hiérarchique au sein du groupe.
Pour les chercheurs qui ont publié les résultats de leurs travaux dans la revue scientifique PLoS ONE, l’ensemble de ces constatations tendent à prouver que, chez les chimpanzés, la motivation première des activités de police est le maintien de la cohésion du groupe. Autrement dit, ces primates auraient le sens de l’intérêt général : une forme précoce du « comportement moral » présent chez l’homme.
Et ça marche ! À Gossau, ils sont parvenus à résoudre près de 90% des conflits pour lesquels ils sont intervenus. Des résultats à faire pâlir toutes les polices d’Europe !
Membre de la famille des psittacidés, la perruche à collier est capable, comme bien d’autres perroquets – en captivité – d’imiter la voix humaine.
S’agissant de nos propres perruches à collier installées dans une vaste volière extérieure, celles-ci s’expriment plutôt bruyamment, mais plutôt dans leur propre langage !
On connaissait déjà la perruche à collier dans la Rome antique, à l’époque de Jules César, où un oiseau doué pouvait coûter plus cher qu’un esclave. Haute d’une quarantaine de centimètres, elle est dotée de magnifiques couleurs généralement unies (à part pour certaines hybridations) pouvant aller du jaune au vert, en passant par le bleu et le gris. Toutes les perruches à collier sont pourvues d’une longue queue et pour les mâles, d’un collier noir. Depuis une trentaine d’année et insidieusement, elle a entrepris de mettre sa touche de couleur et d’exotisme dans les parcs, bois et jardins franciliens.
Comme c’est souvent le cas, une espèce peut devenir endémique d’un lieu, d’une région ou d’un territoire plus vaste après s’être échappée de lieux de captivité plusieurs générations en arrière… Reine de l’évasion, les Anglo-Saxons l’ont surnommée la perruche Houdini. Une cinquantaine d’individus se seraient échappés d’un conteneur sur la zone aéroportuaire d’Orly en 1974. Le scénario s’est reproduit dans les années 1990, à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Depuis cette époque et la nuit venue, les perruches sont nombreuses à se regrouper tant en dortoir à Wissous à quelques kilomètres à vol d’oiseau (le mot pour rire…) d’Orly ainsi qu’à Roissy (95) en bordure des pistes. Selon la Ligue de protection des oiseaux (LPO), on dénombrerait aujourd’hui près de 1 500 individus en Ile-de-France.
À Antony, en région parisienne et toujours à proximité de l’aéroport d’Orly, certains habitants sont partagés. Depuis quelques années, une colonie a élu domicile dans le parc d’une résidence. Si l’oiseau et ses couleurs chatoyantes ravissent quelques personnes qui parfois les nourrissent, les déjections qui s’accumulent sur les voitures garées en contrebas ne sont pas du goût de leurs propriétaires…
On peut également en apercevoir au parc de Sceaux, au parc de la Vallée-aux-Loups à Châtenay-Malabry, dans le bois de Vincennes et au parc Monsouris. En Grande-Bretagne, où elle est apparue à la fin des années 1960, la population de perruches à collier s’élève désormais à environ 20 000 individus , dont 10 000 pour Londres et sa banlieue ! Et on la trouverait jusqu’au sud des Highlands. Dans le reste de l’Europe une colonie d’environ 10 000 individus vit dans la région bruxelloise. On la retrouve aussi à Zurich, Hambourg, Barcelone… Psittacula krameri manillensis est le psittacidé le plus répandu dans le monde. Celles qui se sont adaptées à notre pays sont originaires du sous-continent indien. Là-bas, elle est considérée comme nuisible. Elle mange en abondance des fruits et des graines. Elle serait responsable de la perte de près de 20 % des récoltes de maïs.
Comme le rappelle le journaliste Philippe Martinot, depuis 2008 l’observatoire de la faune britannique Natural England, a mis l’oiseau sous surveillance et autorise, sous condition, un propriétaire foncier à le tirer sans demander un permis.
Xavier Japiot, ornithologue à Paris Nature, le pôle biodiversité de la Mairie de Paris, explique qu’en France cet oiseau ne bénéficie d’aucun statut particulier. Cela n’empêche pas que certains ornithologues soient inquiets : la perruche à collier cause des dommages aux cultures, surtout aux arbres fruitiers, dans son aire de nidification naturelle. De plus, l’oiseau, cavernicole, est soupçonné de chasser d’autres espèces nichant dans les cavités comme les pics, les sittelles, les étourneaux voire les chouettes et même les écureuils.
En Ile-de-France, des ornithologues surveillent avec attention la progression de l’oiseau. Si l’état actuel et l’impact de cette population restent faibles, des études estiment cependant qu’elle pourrait être multipliée par dix dans les dix ans qui viennent. Parmi les mesures envisagées, ils préconisent de proscrire le nourrissage direct par le public, cause de la prolifération sauvage des espèces exotiques. Une mesure de bon sens, pour éviter que la perruche à collier ne devienne une «peste» céleste.
Voir des marmottes se mérite et fait partie des petits plaisirs lorsqu’on se balade en moyenne montagne (entre 1000 et 3000 mètres d’altitude). Mais lorsqu’un dépliant touristique invite les promeneurs à venir sans effort observer ces petits mammifères sur un sentier dédié, parents et enfants affluent au risque de faire péricliter la vie du tranquille petit rongeur!
C’est ce qui se passe notamment dans les Hautes-Alpes sur la commune d’Eygliers. Il y a là, une colonie de marmottes plutôt habituée à l’Homme et donc très facile d’approcher. Seulement voilà, on a beau rappeler qu’il ne faut pas les nourrir, bien des promeneurs n’ont pas ces scrupules et font courir un véritable danger aux marmottes en leur donnant littéralement n’importe quoi à manger : popcorn, chips, morceaux de chocolat, pain, etc.
A force d’être gavées les marmottes finissent par développer de l’eczéma, du diabète et entament leur hibernation dans de très mauvaises conditions.
En temps normal, une marmotte est uniquement herbivore : elle se nourrit de plantes et de légumineuses qui leur apportent par ailleurs une partie de l’eau dont elles ont besoin; ces petits rongeurs ne boivent pas mais récupèrent en revanche la rosée qui perle sur les plantes.
La marmotte hiberne presque 6 mois. En automne elle mange énormément pour constituer les réserves de graisse qui lui permettront de survivre. Pour ne pas brûler ses réserves trop vite elle vit au ralenti. Son cœur bat très lentement. Elle se réveille environ toutes les quatre semaines pour faire ses besoins. S’il fait moins de 3 degrés sous terre, la marmotte doit se réveiller et bouger pour ne pas mourir de froid.
La Marmotte, très sociable, vit en petites colonies de type matriarcales, d’origine familiale. Un groupe comporte 5 à 12 individus : un couple reproducteur accompagné de ses descendants des 2 ou 3 dernières années. Il y a une famille par terrier.
La marmotte est strictement diurne, ce qui est rare pour un mammifère sauvage. Elle se lève tôt (avant le lever du soleil), se toilette comme un chat et prend son premier repas du matin. Elle débute ensuite une sieste dans la matinée, étalée en long sur un gros rocher, mais toujours vigilante, les yeux ouverts. Elle rentre dans son terrier aux heures chaudes de la journée pour dormir au frais, prend alors un second repas, avant de se coucher avant la nuit. Une vie donc bien réglée, ponctuée par le jeu car la curiosité des marmottes les rend particulièrement joueuses.
Bien que la population de marmottes dans le monde ait connu une forte diminution depuis ces dix dernières années, et que sa présence reste très discrète, certains pays connaissent une forte proportion de marmottes. C’est notamment le cas du Canada, de la Suisse et de la France où l’espèce est proétégée. Actuellement, on peut comptabiliser environ 16 000 marmottes en France. Elle a été réimplantée dans les Pyrénées au cours des années 1950 et introduite dans le Massif central (Drôme, Cantal, Ardèche) à partir du milieu des années 1960. Les essais de repeuplement dans les Vosges et le Jura français n’ont pas franchement abouti.
Si autrefois, l’homme l’a chassée pour sa viande, sa graisse et sa peau, c’est surtout l’aigle qui, aujourd’hui, est son plus grand prédateur. Les marmottes représentent, en effet, jusqu’à 90% des proies capturées par ce rapace. Le renard n’est pas en reste non plus… La longévité de la marmotte est de 15 à 20 ans en captivité, elle est inconnue dans la nature.
Les outils de défense dont dispose la marmotte pour échapper à ses prédateurs sont avant tout sa vue qui, si elle n’est pas excellente, a au moins l’extrême avantage de couvrir un champ visuel de 300 degrés (160 degrés chez l’homme), il est donc très difficile de la surprendre. Son odorat, de même que son ouïe, sont très performants et complètent ses armes.
Il n’y a pas de guetteur attitré dans le groupe. Chacun vaque à ses occupations en se préoccupant de ce qui se passe autour, en adoptant la position caractéristique « en chandelle ».
A la moindre alerte, la marmotte siffle à plusieurs reprises. Pour un aigle repéré, le cri bref, strident, envoie tout le monde au fond du terrier. Pour un quadrupède, voire un bipède, l’appel est différent et les autres marmottes vont plutôt aller voir la cause de l’alerte avant, éventuellement, de se cacher.
La reine a pour unique mission d’assurer le renouvellement permanent des membres de la colonie, puisqu’elle est la seule féconde. La pérennité de la ruche dépend entièrement de ses pontes. À la belle saison et au mieux de sa forme, une reine pond plus de 2 000 oeufs par jour, soit plus d’un oeuf par minute ! Pour atteindre ces formidables performances, elle est abondamment nourrie de gelée royale et fait l’objet des soins attentifs de sa cour.
La reine se distingue des ouvrières par sa taille : elle mesure 18 à 20 mm (les ouvrières 14 à15 mm), son thorax est plus large et son abdomen plus long. Ces ovaires occupent presque tout son gros abdomen. Tous ce qui n’est pas utile à sa mission de ponte n’est pas présent chez la reine. Dans de bonnes conditions, elle peut vivre 4 à 5 ans.Autant dire que « Madame la Reine » aura alors libéré plus d’un million d’œufs et c’est dans la nature un exemple de fécondité qui n’est surpassé que par de rares espèces.
Cette fécondité n’est pas éternelle et passe par un maximum au moment de sa deuxième année puis décline après la troisième pour être réduite pendant la quatrième. En fin de vie, il arrive qu’elle devienne « bourdonneuse », c’est à dire qu’elle ne donne naissance qu’à des mâles (ou faux bourdons). Dans ce cas les œufs ne sont pas fécondés car la reine a épuisé la provision de liqueur séminale de sa spermathèque et ne pond alors que des œufs sans spermatozoïdes qui ne vont donner que des mâles.
Elle se comporte comme une reine non fécondée : ce sera la perte de la colonie car il n’y aura plus assez de naissances pour assurer la relève. Les abeilles vont vite sans rendre compte et se débarrasser de leur vieille Reine sans pitié en élevant une autre reine à partir d’un de ses oeufs. La vieille Reine ne sera plus alimentée et devra s’enfuir avec un bon paquet d’abeille : c’est ce que l’on appelle communément « l’essaimage ».
Confrontée à la dégradation de l’environnement, depuis quelques années, l’espérance de vie de la Reine des abeilles peut se réduire de manière préoccupante à 1 ou 2 années seulement.
La reine est issue d’un oeuf placé dans une cellule spécifique en forme de doigt et qui pend sur le cadre. Les ouvrières en quête d’une nouvelle souveraine laissent éclore la larve et la nourrissent exclusivement de gelée royale, une sécrétion des glandes hypopharyngiennes présentes dans la tête des ouvrières.
À peine née, la reine élimine ses rivales potentielles. Elle repère les cellules royales et y tue les larves ou les nymphes qui s’y trouvent : il ne peut y avoir qu’une seule reine dans la ruche. Au bout de quelques jours, elle s’envole pour être fécondée par les faux-bourdons (les abeilles-mâles) : c’est le vol nuptial. La reine connaît plusieurs accouplements avec différents mâles. Lorsque sa spermathèque est pleine, elle retourne dans la ruche, dont elle ne sortira plus.
Quelques jours après sa fécondation, la reine commence à pondre.
Les ouvrières sont issues d’oeufs fécondés, les faux-bourdons d’oeufs non-fécondés, déposés dans des cellules plus grandes. Des ouvrières entourent constamment la reine. Elles veillent sur elle en la nourrissant et la nettoyant constamment.
Au bout de 3 jours, l’oeuf éclot. Débute alors le stade larvaire. Au neuvième jour, les larves alimentées par les nourrices sont devenues grandes. Les ouvrières ferment alors leur cellule par un opercule de cire. Quelques jours plus tard, la larve se transforme en nymphe. L’ouvrière rompt l’opercule et s’extrait de sa cellule 8 jours plus tard.
S’agissant des faux-bourdons, ceux-ci sont plus trapus, plus velus, que les ouvrières. Ils naissent uniquement au printemps et on en dénombre quelques centaines dans une colonie. Leur rôle est de féconder la reine. Ceux qui y parviennent en meurent : leur appareil génital est arraché lors de la fécondation. Incapables de butiner, les faux-bourdons puisent dans les réserves de miel de la ruche. À l’automne, quand la nourriture devient moins abondante, les faux-bourdons sont tués ou expulsés de la ruche. Ne sachant pas se nourrir seuls, ils meurent.
On pille, on détruit, on pollue les océans, et c’est la mort des poissons. Les scientifiques et les ONG ont peur. Les uns publient livres et études, les autres tentent d’intercepter les navires-usines… Tous proposent des solutions pour sauver ce bien commun de l’humanité.
«Une mer sans poissons » est le titre anxiogène d’un livre (également disponible en format numérique) coécrit par Philippe Cury, chercheur à l’Institut de recherche pour le développement, à Marseille, et le journaliste Yves Miserey. Les deux auteurs démontrent précisément que la pêche contemporaine est prédatrice. Et avec l’amélioration des moyens technologiques, on est passé de l’exploitation à la surexploitation des océans, dont les trois quarts sont dans une situation critique.
En mer du Nord, 88 % des ressources marines subissent une pression trop forte. En 50 ans, les prises ont été multipliées par 5 : on est ainsi passé de 20 à 100 millions de tonnes annuelles. Philippe Cury parle de « véritable razzia ». On pêche trop mais aussi des espèces en voie de disparition, comme l’esturgeon, le grenadier, le requin. « Ça ne vous viendrait pas à l’esprit de manger du panda ? » lance-t-il, provocateur.
La pêche de l’empereur en eaux profondes, commencée au début des années 90, a été interdite en 2010. Extinction commerciale de l’espèce en 20 ans ! Claire Nouvian a créé l’association Bloom fin 2004. Elle milite contre la pêche en eaux profondes. La langue de bois, elle ne connaît pas. Elle lit toutes les études, voyage entre l’Asie, l’Europe et les Etats-Unis pour dénoncer « un océanocide ».
Sur la page d’accueil de son site, www.bloomassociation.org, une image : un nuage nucléaire en forme de champignon sous l’eau et à la surface, un énorme chalutier avec cette phrase : « La pêche en eaux profondes est une arme de destruction massive. » Sans compter que les poissons sont particulièrement pollués, bourrés de métaux lourds. L’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) déconseille leur consommation aux enfants de moins de 30 mois. Si c’est dangereux à 2 ans et demi, pourquoi pas à 3 ? C’est pourtant ce qu’on retrouve dans les assiettes des cantines : du hoki de Nouvelle-Zélande, à une époque où, soit dit en passant, il est de bon ton de respecter des cycles courts.
De même, la saumonette entre dans la composition de nombreux plats cuisinés. Un joli nom pour ce qui est en fait du requin, vendu également sous l’appellation « veau de mer » ! François Chartier, chargé de campagne Océans pour Greenpeace France, est pessimiste. « La taille des poissons a fortement diminué. On prélève beaucoup trop de juvéniles ou de reproducteurs. Et de conclure : le portrait est noir, la situation des océans est inquiétante. »
Ça ne sort pourtant pas d’un film de science-fiction mais d’un livre d’histoire. Le drame a déjà eu lieu au Sénégal avec le « thiof » (grand mérou), comme le rappelle Philippe Cury, ou à Terre-Neuve avec l’effondrement de la population de morues (encore appelé cabillaud), une des plus graves crises halieutiques du XXème siècle. L’interruption de cette pêche dans les années 90 a eu des impacts socio-économiques très larges, notamment le chômage de plusieurs dizaines de milliers de personnes. Malgré le moratoire sur la pêche, les morues ne sont pas revenues. Pourtant, « la mer est très patiente avec nous », affirme Daniel Pauly, professeur à l’université de Colombie-Britannique, à Vancouver, considéré comme un des plus grands spécialistes au monde des pêches. Que se passe-t-il donc à Terre-Neuve avec les morues ? L’homme a tout simplement modifié l’écosystème. Il est occupé à présent par d’autres espèces, notamment les harengs qui mangent les larves de morue !
Et la démesure ne s’arrête pas pour autant : en 2008 la société hongkongaise Pacific Andes a investi 100 millions de dollars dans un ancien navire-citerne, aussi long que deux terrains de football et muni d’une flotte de chalutiers qui pêchent en aspirant les poissons. L’espèce concernée : le chinchard, destiné à être transformé en farine. Même réalité pour la pêche au krill en Antarctique – cette petite crevette est la nourriture des baleines mais, réduite en farine, c’est aussi celle des poissons d’élevage.
Daniel Pauly renchérit avec l’humour qui le caractérise et ce malgré la gravité de la situation : « On agit avec les océans comme un vieux qui déciderait de prendre tout son argent et de le dépenser en une nuit à Las Vegas au lieu de le placer à la banque et de vivre des bénéfices. Si on laisse un stock de poissons tranquille, il augmente. Il faudrait ne pêcher que le surplus, les bénéfices en quelque sorte, sans toucher au capital. » Cela suppose une forte volonté politique pour faire respecter les quotas produits par les scientifiques. Or, avant que des ONG comme Greenpeace ne s’en mêlent, les scientifiques recommandaient de ne pas dépasser 15 000 tonnes de thon rouge. Les politiques ont alors placé la barre à 30 000, par peur de mouvements sociaux. Avec les prises illégales, parce que les autorités a fermé les yeux, on est arrivé à un chiffre avoisinant les 60 000.
Autre problème politique complètement tabou : les subventions. Les professionnels ont extorqué des sommes ahurissantes à l’Etat français. Ils empêchent tout débat sur la question. Or, c’est l’argent du contribuable. Quand le prix du gazole grimpe, si les subventions ne sont pas augmentées, les pêcheurs bloquent les ports. Plutôt que d’utiliser les subventions pour soutenir la pêche de stocks épuisés, on ferait mieux de les employer à inciter les pêcheurs à partir à la retraite.
En France, l’association Bloom dont je vous parlais plus haut dénonce également ces subventions qui aident à renouveler les flottes de pêche industrielle et à augmenter la capacité des grands chalutiers. Sans les subventions, pas de pêche. Le rapport dépenses-recettes est déficitaire, ne serait-ce qu’au regard des énormes consommations de gazole que suppose la sortie en mer de ces vaisseaux de plusieurs dizaines de mètres, qui brûlent 7 000 litres de carburant par jour contre 30 à 100 litres pour un petit bateau !
Si comme moi vous aimez le poisson et que vous désirez « manger intelligent », allez donc faire un tour sur le site Internet mrgoodfish.com qui réactualise tous les mois les espèces qu’on peut consommer sans mauvaise conscience. Un article particulièrement intéressant d’Emmanuelle Jary est à lire dans le dernier numéro de Paris Match et intitulé « La Mer Épuisée ».
A l’occasion du centenaire de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO), l’ouvrage « Des Hommes et des Oiseaux » rassemble plus de 300 illustrations et photographies, une chronologie détaillée pour repérer les événements clés de la protection des oiseaux et une abondante documentation internationale qui mobilise des millions de passionnés…
Au début du siècle, les ornithologues établissent des inventaires d’espèces disparues. Partout, des chasseurs, des paysans, des amoureux de la nature, de simples citoyens observent la régression des populations d’oiseaux.
Dès lors, on se mobilise pour réformer la société. Mais, cela ne suffit pas car notre monde moderne fait peser sur les oiseaux de nouvelles menaces plus complexes : pesticides, marées noires, réchauffement climatique.
Des Hommes et des Oiseaux retrace cette histoire longue et tumultueuse faite de combats au quotidien. Les protecteurs des oiseaux ont transformé le monde, en obligeant la science à réformer ses pratiques et en contribuant à la naissance de l’écologie.
Ce livre très pédagogique nous invite à nous interroger sur notre relation aux animaux sauvages, sur notre sensibilité face à la souffrance animale, ainsi que sur notre place dans la nature. Sans nul doute, une belle lecture que vous pourrez retrouver dans la bibliothèque du Relais du Vert Bois…
On parle de pollution lumineuse lorsque les éclairages artificiels sont si nombreux et omniprésents qu’ils nuisent à l’obscurité normale et souhaitable de la nuit. La pollution lumineuse, c’est donc l’excès d’éclairage artificiel visible en extérieur…
Ainsi, à la tombée de la nuit, d’innombrables sources de lumières artificielles (éclairage urbain, enseignes publicitaires, vitrines de magasins, bureaux allumés en permanence…) prennent le relais du soleil dans les centres urbains jusqu’au plus petit village.
La pollution lumineuse est une forme de pollution assez peu évoquée car à priori peu néfaste pour la santé lorqu’on la compare aux pollutions plus classiques, pourtant elle n’est pas sans conséquences sur le vivant et peut-être facilement réduite.
L’impact grandissant de la pollution lumineuse concerne un grand nombre d’espèces de toute taille (de l’insecte au mammifère, en passant par les oiseaux), et de tous les milieux (terrestres, aquatiques, marins). Les effets peuvent être directs (une espèce ne tolérant pas la lumière), ou indirects (perte d’une ressource pour un prédateur spécialisé, prédation accrue, disparition d’un pollinisateur entraînant la disparition de la plante pollinisée, etc.). Les perturbations peuvent concerner beaucoup d’aspects : les déplacements, l’orientation, et des fonctions hormonales dépendantes de la longueur respective du jour et de la nuit.
L’éclairage nocturne est parmi les 3 causes principales du déclin des papillons, avec l’abus de pesticides et la raréfaction des habitats. Pour certains scientifiques, ce pourrait même être la première cause de la raréfaction des papillons de nuit.
La présence permanente de lumière perturbe les cycles physiologiques comme l’alimentation, la reproduction et la ponte.
Les lampes à vapeur de mercure utilisées pour l’éclairage public sont particulièrement dangereuses : les rayons ultraviolets attirent les papillons qui tournent autour du lampadaire jusqu’à épuisement.
D’autres insectes, dit lumifuges, fuient au contraire toute source de lumière. La modification de l’environnement lumineux, notamment dans nos grandes agglomérations, a ainsi réduit considérablement les habitats possibles pour ces espèces. Pour ces insectes nocturnes, les routes éclairées deviennent de véritables barrières, cloisonnant les populations et réduisant leurs chances de rencontre et de reproduction.
Chez les vers luisants l’abondance de la lumière artificielle annule l’effet fluorescent de la femelle du ver luisant et ne lui permet plus de se faire repérer par le mâle. L’absence de fécondation entraîne la disparition de l’espèce.
Les oiseaux migrateurs paient également un lourd tribu, dont le sens de l’orientation est perturbé par l’éclairage des littoraux et des grandes agglomérations. Les oiseaux migrateurs utilisant les étoiles pour se guider, la Lune joue un rôle secondaire en éclairant le paysage. Face aux lumières artificielles de la ville, les oiseaux migrateurs se trouvent parfois désorientés. Ils discernent mal les étoiles auxquelles ils se fient pour migrer. Les zones éclairées les dévient de leurs routes, en les attirant ou en les repoussant. Les oiseaux migrateurs dépensent ainsi inutilement une énergie pourtant précieuse pour venir à bout d’un périple exténuant.
La pollution lumineuse est également un handicap pour les yeux des animaux nocturnes. Il a été par exemple mis en évidence que des grenouilles ne parvenaient plus à distinguer proies, prédateurs ou congénères. En Floride, site de reproduction principal pour la population atlantique de tortues caouannes, les jeunes naissent en général la nuit sur la plage et se ruent vers la mer, attirés par sa brillance. Mais, déviées par les lumières artificielles du littoral, elles se retrouvent sur la route et meurent de déshydratation, d’épuisement ou écrasées sous les roues d’une voiture.
Les lumières extérieures sont à l’origine d’une incroyable consommation d’énergie, souvent bien inutile. et qui représente près de 2% de la consommation électrique française. L’éclairage public représente près de 50% de la consommation totale d’électricité des communes !
En France, le nombre de points lumineux a augmenté de 30 % depuis les dix dernières années pour désormais s’élève à près de 9 millions de points, soit environ 1% de la consommation électrique en France !
L’arrivée prochaine d’éclairages publics halogènes ou LED devrait hélas accentuer le phénomène dans la mesure où les insectes sont sensibles aux plus grandes gammes d’onde qu’elles diffusent. Comme quoi, économiser l’énergie n’a pas que des avantages…
Castor fiber est le nom scientifique du castor européen, infatigable travailleur du bord des rivières qui tient un rôle essentiel dans la gestion naturelle des zones humides. Il est, avec le castor canadien, l’une des deux espèces actuellement vivantes du genre Castor.
Après avoir failli disparaître de tout ou partie de l’Europe, il est aujourd’hui protégé dans la plupart des pays, et a fait l’objet de nombreux programmes de réintroduction. En Belgique, France et Suisse le castor est strictement protégé.
Plus gros rongeur européen, il était autrefois appelé en français « bièvre », nom d’origine gauloise que l’on retrouve souvent dans des noms de villages ou de cours d’eau.
Curieusement, le castor est toujours relativement méconnu dans notre pays, encore souvent confondu avec le ragondin (d’autant que ce dernier est parfois appelé myocastor en référence à son nom latin) et avec le rat musqué.
Il gère son territoire aquatique avec une grande rigueur en entretenant le bord des rivières, ruisseaux, lacs et étangs où il séjourne. Le castor contribue également à structurer la végétation des berges dont il se nourrit. 100% végétarien, il se nourrit également d’écorces d’arbres et de plantes aquatiques. Les besoins quotidiens d’un adulte sont d’environ 2 kg de matière végétale ou de 700 g d’écorce.
C’est une espèce inféodée aux zones humides et à l’eau où il y passe les 2/3 de son temps. Il construit des huttes ou un terrier ou des huttes-terrier pour s’abriter le jour et mettre bas. L’entrée du gîte est toujours située sous l’eau.
Son comportement le plus connu et spectaculaire est la construction de barrages et sa capacité à ronger des branches et des troncs d’arbres, grâce à des dents très aiguisées. Le castor abat en général plusieurs arbres dans un même secteur produisant une zone de coupe dite « atelier ». Si cette zone de coupe est éloignée de la hutte ou du barrage en construction, le castor creuse de véritables canaux qui relient les différentes zones et permettent le transport de bois pesants, l’eau allégeant alors la charge.
Sa biologie, son écologie et sa vie familiale sont très proches du genre humain.
Depuis le 20 mars dernier et jusqu’au 20 juin est organisé le « Printemps des Castors » animé par des spécialistes de ce sympathique rongeur. Pour découvrir les animations près de chez vous, consultez le site internet de la Société Française pour l’Étude et la Protection des Mammifères (SFEPM), dont le lien est disponible ici.
Pour polliniser les plantes à fleurs, on connaît les insectes et en particulier les abeilles. On pense moins souvent aux oiseaux…
Pourtant 900 espèces d’oiseaux participent à cette pollinisation et jouent donc un rôle important dans la préservation de la flore… patrimoine de l’Homme.
Cette fonction est très importante dans les régions tropicales et en Océanie. C’est en allant chercher du nectar que ces oiseaux se chargent d’un précieux pollen qui sera lui-même transporté sur d’autres fleurs.
Les plantes de ces régions du monde ont progressivement évolué pour attirer ces agents pollinisateurs particuliers : en général, elles s’ouvrent le jour, offrent des fleurs résistantes, possèdent un nectar copieux et fluide (le nectar dégouline de certaines d’entre elles à la maturité du pollen) mais elles ont généralement peu de parfum parce que le sens de l’odorat des oiseaux est peu développé.
Les oiseaux ont cependant un sens aigu de la couleur, plus développé que le nôtre : il n’est donc pas étonnant que la plupart des fleurs pollinisées par ces derniers soient brillamment colorées, principalement de rouge et de jaune.
Ces fleurs sont aussi normalement de grande taille ou font partie de grandes inflorescences : ces caractères contribuent à la stimulation visuelle des oiseaux et indiquent la présence de grandes quantités de nectar.
Géographiquement, la présence d’oiseaux pollinisateurs est parfois indispensable, comme par exemple dans la Cordillères des Andes où les oiseaux Colibris vivent jusqu’à 5000 mètres d’altitude, dans des régions froides et humides, particulièrement inhospitalières pour les insectes pollinisateurs. Ces oiseaux sont donc les seuls à féconder les fleurs en se nourrissant de leur pollen ou de leur nectar.
Situation quasi identique dans l’Ouest de l’Australie où les insectes butineurs (comme les abeilles) ne sont pas développés au cours de l’aire tertiaire en raison d’un climat froid et humide. Ce sont donc des groupes d’oiseaux très diversifiés qui se sont formés, tels les Loris (de la catégorie des Melliphages et dont la photo illustre cet article), qui possèdent une langue spécialement adaptés à la collecte du nectar.
En Europe également, lors de la migration de printemps, il est possible de voir des passereaux, essentiellement des fauvettes avec de fines particules jaunes sur le front et sur le pourtour du bec, voire ailleurs sur leur plumage, résultat de la visite de certaines fleurs pour se nourrir de leur nectar (parfois aussi de pollen et d’insectes). Quelques oiseaux présentent même des croûtes dures sur le front appelées « pollen horn » : il s’agit de granules de pollen de fleurs d’orangers, de citronniers, d’eucalyptus ou d’amandiers.
Les conditions de transport imposées aux animaux vivants sont déplorables et il semble qu’en Europe, on ne soit pas en mesure de faire cesser certaines pratiques odieuses.
Quand, par exemple, on fait traverser tout le continent à des milliers de bêtes, des pays baltes jusqu’en Turquie (plus de 2 500 km !), sans eau et sans nourriture, nous avons le devoir de faire cesser cette véritable torture.
Les Européens ont commencé à se mobiliser, et plus d’un million de citoyens ont signé une pétition exigeant de l’Union que ces pratiques cessent immédiatement.
Un récent reportage diffusé par la châne de télévision Arte laisse sans voix…