Qui n’a jamais rêvé de comprendre ce que se disent les oiseaux à longueur de journée ? De savoir pourquoi certains poussent de petits cris tandis que d’autres se lancent dans de grandes tirades ?
Thierry Aubin, lui, y est parvenu en partie. Directeur de recherche au CNRS, bioacousticien et responsable de l’équipe communication acoustique à l’université Paris-Sud-Orsay (Essonne), l’homme parcourt le monde depuis plus de 25 ans pour décrypter leur langage. De l’Antarctique à l’Amazonie, du Sri Lanka aux forêts de l’Essonne, le bioacousticien en a observé des dizaines de variétés.
Saviez-vous, par exemple, que chez les passereaux, comme la mésange ou le rouge-gorge, le langage n’était pas inné ? Si vous prenez un de ces oiseaux encore dans son œuf et que vous l’élevez vous-même, il ne sera pas capable de chanter. Il leur faut une phase d’apprentissage, de babillage, comme pour les enfants !
Et si certaines espèces ont la capacité d’apprendre tout au long de leur existence, d’autres ne peuvent emmagasiner les vocalisations que pendant quelques semaines. Du coup, les petits volatiles qui se seront montrés mauvais élèves traîneront des lacunes par la suite. Chanter n’est en effet pas si facile. Dans une récente interview, Thierry Aubin précise même que les oiseaux ont une syntaxe et ont même des règles de grammaire. Le cri, qui leur sert entre autres pour se localiser ou pour donner une alerte, est un langage dont le codage est assez simple. Mais pour le chant, c’est nettement plus complexe…
Utilisé par les mâles pour attirer les femelles en période de reproduction et pour éloigner les autres mâles de leur territoire, le chant regorge d’informations. L’oiseau ne chante pas par plaisir, souligne le chercheur. Un rouge-gorge va nous dire Je suis un rouge-gorge, j’habite en Ile-de-France, et il va même donner son nom. C’est un véritable dialecte. Et qui dit dialecte, dit variations. Une mésange de Bretagne ne va pas avoir le même accent qu’une mésange parisienne !
Les études sur les gazouillis ont des applications très concrètes, comme celle à l’essai actuellement dans les aéroports d’Orly et de Roissy contre le rique aviaire parfois fatal pour les avions. L’équipe d’Orsay a mis au point des effaroucheurs acoustiques d’oiseaux, destinés à éloigner les volatiles des pistes. Et Thierry Aubin de préciser que ce sont de simples cris d’alerte interspécifiques.
J’ai écouté ce sujet particulièrement intéressant sur France Culture, une émission que vous pouvez retrouver ici
Laissez un commentaire