LE HÉRON : UN PÊCHEUR SOLITAIRE ET DISCRET

Gris, élégant, discret et souvent immobile, le Héron est un oiseau que l’on trouve au bord des étangs, des mares, et des cours d’eau. Le plus grand et le plus commun des hérons est dénommé « héron cendré » en raison de la couleur « gris cendre » de son plumage.

Sa prédilection va aux poissons des eaux riveraines, mais par nécessité, il ne lui est pas permis de dédaigner, comme dans la fable de La Fontaine, bien d’autres mets. Il happe aussi couleuvres, grenouilles, mollusques, vers et insectes.

En avril et en mai, un Héron est à la recherche quotidienne de 200 à 250 g (en moyenne) de poisson afin de nourrir ses petits. Ces derniers exigeant alors une nourriture très protéinée. A l’issue de cette période et jusqu’en hiver, les campagnols, taupes et musaraignes des champs et des prés complètent son menu.

Autant les poissons sont complètement digérés, arrêtes comprises, autant les os et poils de micro-mammifères sont rejetés sous forme de pelotes de résidus.

Volontiers isolés pour capturer leurs proies, les Hérons sont des oiseaux très sociables. Ils nichent de préférence en colonies souvent importantes dans la cime de grands arbres (hors de portée des prédateurs), surtout feuillus, mais d’essences diverses. Lorsque les grands arbres font défaut, comme en Camargue, les Hérons construisent leurs nids dans des buissons bas voire à même le sol.

La taille de la colonie est directement proportionnelle à la quantité de nourriture dans les parages.

Ces grandes héronnières sont des établissements permanents, réoccupés chaque année. Dans le comté de Kent en Angleterre, une héronnière encore occupée en 1994 était déjà mentionnée en 1293 !

Les nids sont tous les ans rechargés et peuvent donc devenir imposants. Les moineaux, les étourneaux et quelques autres passereaux s’installent volontiers en sous-locataire dans ces structures. Elles ne sont jamais très éloignées de l’eau ou de zones humides, bien que ces grands oiseaux puissent avoir un rayon d’action de plus de 15 km à partir de la héronnière.

Le Héron est un formidable oiseau taillé pour la pêche : bec « harpon », une acuité visuelle redoutable et une mâchoire solide ! Il pêche souvent à l’affût ou en marchant lentement dans les eaux peu profondes. Il arrive aussi au héron de plonger afin de capturer des proies plus difficiles. Comme tout bon pêcheur, le héron connaît « les bons coins » et pêche en général alors en solitaire, sauf à l’approche de l’hiver lorsque la pitance se fait plus rare : dans ce cas seulement, il est possible de voir les hérons postés assez près les uns des autres !

Le Héron cendré fait d’ailleurs partie des oiseaux qui « partent en vacances » à l’approche de l’hiver. Leurs comportements migratoires sont toutefois plus difficiles à cerner que ceux de l’hirondelle ou du coucou ! Les individus d’une même colonie, ou parfois d’un même nid, se dispersent tous azimuts : certains parcourent des centaines de kilomètres tandis que d’autres demeurent à proximité. La majeure partie du temps, les hérons s’arrêtent le long des côtes méditerranéenne ou atlantiques…

Tout comme pour les rapaces, la qualification de « nuisible » a été appliquée aux hérons et a motivé des destructions systématiques depuis le moitié du XIXè siècle. Du fait que ces oiseaux capturent des poissons, on concluait sans discrimination que tous étaient des ennemis de la pêche et de la pisciculture, donc de l’homme, et que leur extermination s’imposait. Ce n’est qu’en 1975 que le Héron a rejoint la communauté bienheureuse des espèces protégées, sans que cela n’empêche les habituels crétins « excités de la gâchette » d’oublier le statut particulier de ce magnifique oiseau.

Le Héron cendré n’a pas de réel prédateur à part l’homme. Même les faucons pèlerins ou les pygargues ne le chassent qu’exceptionnellement. Les principales causes de mortalité sont les conditions météorologiques, et notamment le froid en hiver, qui peut réduire l’effectif des colonies de 50% au printemps suivant…

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