Des pluies abondantes seront nécessaires cet hiver en France pour rétablir le niveau des nappes phréatiques, déjà affectées par la sécheresse du printemps et un début d’automne relativement sec, estime le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Ce constat intervient alors que l’organisme prévoit une diminution des pluies au XXIème siècle, ce qui devrait contraindre les Français à rationaliser leur consommation.
Un été 2011 pluvieux a permis une légère amélioration du niveau des nappes mais des températures supérieures à la moyenne et de faibles pluies en septembre et en octobre – période où les nappes phréatiques commencent habituellement à se recharger – rendent la situation préoccupante. Il est désormais clairement dit par les spécialistes que le niveau de pluviométrie devra être important jusqu’au printemps prochain pour éviter un niveau alarmant des nappes phréatiques à l’approche de l’été 2012…
La France a connu en 2011 son printemps le plus chaud depuis 1900 et le plus sec depuis cinquante ans, obligeant les autorités à mettre en place des restrictions d’eau sur la majorité du territoire et à accorder aux agriculteurs plusieurs centaines de millions d’euros d’aides.
Près des 80% des nappes phréatiques en France affichaient des niveaux en-dessous de la normale au 1er novembre, selon le bulletin mensuel du BRGM. En octobre, les chutes de pluies ont été de 45% inférieures à la normale selon Météo-France. Le lien entre la diminution des chutes de pluies et le changement climatique n’est pas encore clairement établi, mais les modèles à long terme de Météo-France tablent pour les décennies à venir sur une réduction des pluies de l’ordre de 30% et prévoient des étés plus chauds. Une conjonction qui signifierait une aggravation des risques de pénurie en eau durant les pics de consommation estivaux.
Les hydrogéologues européens précisent par ailleurs que si aujourd’hui la situation globale est à peu près bonne, nous nous retrouverons dans une situation critique dans 10 à 20 ans », en restant sur les mêmes besoins et les mêmes prélèvements.
Le secteur agricole français est au coeur d’un débat tumultueux qui l’oppose aux groupes écologistes sur son rôle dans les dépenses en eau. Tous les spécislistes recommandent la nécessité de limiter certaines cultures, comme celle du maïs, très gourmande en eau, ou encore réduire les gaspillages d’eau potable qui atteindraient jusqu’à 20% des volumes en raison de fuites.
L’eau potable représente le plus gros volume extrait des réserves souterraines, avec 3,6 milliards de mètres cube pompés chaque année. Comparativement, l’industrie ne pompe qu’1,3 milliard de mètres cube et l’agriculture 1 milliard. Cette dernière se procure essentiellement de l’eau dont elle a besoin depuis des sources de surface, comme les rivières. Le niveau de la plupart des rivières françaises était proche de la normale au 1er octobre, selon la dernière actualisation effectuée par le ministère de l’Environnement.
Mais, selon les hydrogéologues français, il ne faut pas se fier à ces niveaux, les niveaux de surface et des nappes étant interdépendants, notamment l’été lorsque les nappes phréatiques permettent d’alimenter les rivières.
Pour résoudre durablement la question de l’approvisionnement, le BRGM étudie différentes options pour recharger artificiellement les nappes, incluant notamment la possibilité d’y injecter des eaux recyclées, ce qui n’est pas autorisé en France pour l’instant. Gageons que nous éviterons ces « tripatouillages »…
La côte méditerranéenne est l’une des régions les plus exposées en raison du risque de salinisation dans le cas où les nappes d’eau douce venaient à décliner fortement en raison du tourisme…
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