Contre toute attente, des éthologues helvétiques ont récemment confirmer l’existence chez des primates d’une police chargée d’intervenir, de manière impartiale, dans les conflits opposant les membres d’un même clan.
Autrement dit, le maintien de l’ordre n’est pas une préoccupation propre à l’homme.Un phénomène qui, bien que déjà identifié dans le passé, n’avait encore jamais fait l’objet d’études approfondies.
Afin d’en savoir plus sur les motivations à l’origine de cette pratique, l’équipe scientifique a décortiqué durant 2 années les comportements « policiers » d’une joyeuse bande de primates du parc zoologique Walter de Gossau (Suisse). Puis, elle les a confrontés aux observations faites dans trois autres parcs animaliers européens.
Résultats ? La police des chimpanzés semble être indifféremment composée de mâles et de femelles. Des individus de haut rang qui bénéficient d’une certaine « respectabilité » aux yeux des autres membres du clan. Quel que soit leur sexe, ils interviennent sur tous les types de conflits, que ceux-ci opposent des mâles, des femelles voire les deux.
Des éléments qui laissent penser que les motivations de ces primates appartenant aux « forces de l’ordre » ne sont ni d’imposer leur suprématie vis-à-vis de concurrents du même sexe, ni d’obtenir des faveurs de la part du sexe opposé… Sur le terrain, ils n’ont pas non plus pour habitude de favoriser leurs amis et se comportent en médiateurs impartiaux. Ce qui tendrait aussi à exclure la recherche d’un intérêt personnel.
En règle générale, les policiers chimpanzés ne font d’ailleurs guère de zèle. Selon les cas, les primates se contentent de s’approcher des belligérants pour tenter de calmer le jeu, s’interposent ou en viennent eux-mêmes aux… pattes.
Les conflits les plus susceptibles de faire l’objet d’une intervention semblent être ceux qui impliquent un grand nombre d’individus ou ceux qui sont particulièrement violents. Et les opérations de police se multiplient dès lors que l’équilibre du groupe est modifié, soit du fait du départ ou de l’arrivée d’un ou plusieurs individus, soit lors d’une modification hiérarchique au sein du groupe.
Pour les chercheurs qui ont publié les résultats de leurs travaux dans la revue scientifique PLoS ONE, l’ensemble de ces constatations tendent à prouver que, chez les chimpanzés, la motivation première des activités de police est le maintien de la cohésion du groupe. Autrement dit, ces primates auraient le sens de l’intérêt général : une forme précoce du « comportement moral » présent chez l’homme.
Et ça marche ! À Gossau, ils sont parvenus à résoudre près de 90% des conflits pour lesquels ils sont intervenus. Des résultats à faire pâlir toutes les polices d’Europe !
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