L’OISEAU DE TOUTES LES VERTUS

Dans l’histoire de la peinture, ils sont présents dans tous les tableaux de champs de batailles et dans tous ceux de paysages désolés d’hiver. Ils symbolisent la tristesse et le malheur. Suprême opprobre, ils ont même donné leur nom aux dénonciateurs anonymes.

De robe noir jais, croassant fort, souvent en très grand nombre et volontiers charognards, il n’est guère étonnant que du temps où la superstition remplaçait la science, les corbeaux aient reçu une telle charge symbolique, mais totalement injustifiée. En cela, ils ont connu le sort de bien d’autres animaux : chouettes effraies, chauves-souris, crapauds, couleuvres et bien sûr le loup. En réalité pourtant, les corbeaux ont des comportements qui sont ou étaient considérés comme des vertus par les hommes : fidélité, courage, prudence, intelligence et sociabilité.

Fidèles et sociables : les couples restent unis pour la vie. Courageux : il n’hésitent pas à houspiller les rapaces, braver le danger sur les routes pour se nourrir des animaux écrasés. intelligents : jamais ils ne se font happer et le Grand Corbeau possède l’un des plus gros cerveaux de toutes les espèces d’oiseau lui procurant ainsi plusieurs habiletés telles que la résolution de problème ainsi que d’autres processus cognitifs comme l’imitation et l’intuition.

Par corbeaux, on entend communément dans nos régions, trois espèces très différentes : la corneille noire, le corbeau freux et le choucas des tours.

  1. La corneille noire est parmi ces espèces familières, la plus grande. Elle est entièrement noire, yeux et bec compris.
  2. Le corbeau freux, noir également, a cependant le bec en partie gris, apparaissant plus long car dégarni de plumes à sa base, ce qui fait paraître une zone de peau nue blanc-grisâtre. Autres signes distinctifs par rapport à la corneille, le front plat et le crâne pointu.
  3. Le choucas des tours se démarque nettement de ses cousins. Plus petit, il a la nuque gris clair et l’iris gris pâle, très visible dans le masque noir.

Au-delà des critères anatomiques, Il existe une constatation flagrante s’agissant de différences visibles entre le Corbeau et la Corneille : le premier marche tandis que la seconde sautille. Simple constatation me direz-vous, mais néanmoins très efficace pour les reconnaitre !

Corbeaux, Corneilles et Choucas des Tours ont en commun d’être d’excellents « pilotes », capables de toutes les figures de haute-voltige, le plus acrobate étant le choucas des Tours. Celui-ci a adopté les édifices de nos villes où il a trouvé, pour nicher, l’équivalent des falaises naturelles, son milieu d’origine ; il y trouve également une pitance de déchets plus abondante, alors que les campagnes sont largement expurgées des insectes et micro-mammifères par les désastreux traitements à base de pesticide.

Le principal atout, commun à ces trois espèces, est précisément d’être largement omnivores : graines de céréales, baies, fruits. légumes, mollusques, lombrics, insectes à tout stade, oeufs, oisillons, grenouilles, petits mammifères, charognes et détritus divers.

Toutes ces espèces sont constituées d’ oiseaux intelligents. Bien des observations le prouvent et notamment celle qui permet de voir des corbeaux ayant chapardé des noix, les laisser choir de haut sur une surface de rocher ou de béton pour en briser la coque. Se fiant à la fable de La Fontaine, il serait donc assurément hasardeux de miser sur le vainqueur présumé d’une confrontation d’astuce et de ruse entre le corbeau et le renard. Pour toutes ces raisons, les corbeaux, au contraire de bien d’autres espèces dont le déclin est déjà fort avancé, ont les meilleures chances de pouvoir s’adapter à un environnement en mutation profonde. Rien que pour cela, ils méritent bien la paix des braves…

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