POUR SARKOZY, LES CHASSEURS SONT DES SCIENTIFIQUES

Chacun sait que la meilleure façon d’étudier scientifiquement un animal, c’est de le tuer. Et que sa mise à mort, tâche très délicate, ne peut être confiée qu’à un chasseur, esprit scientifique par excellence. Heureusement, notre président Nicolas Sarkozy s’en est soudainement rappelé, hier, lorsqu’il a demandé en toute urgence à la ministre de l’Environnement Nathalie Kosciusko-Morizet de prendre un arrêté autorisant la chasse des oies « aux fins d’études scientifiques » du 1er au 10 février 2012.

Il était temps. La science française a failli passer à côté de grandes découvertes biologiques par la faute d’un Conseil d’État qui avait demandé au gouvernement de fixer la fermeture de la chasse aux oies au 31 janvier. Mais comment ose-t-on ainsi vouloir obstruer l’avancement de la science française ? Il y a pourtant l’exemple japonais qui crève les yeux. Voilà de nombreuses années que la science des baleines avance à pas de géant grâce à leur chasse scientifique qui sacrifie un millier de cétacés chaque année. Enfin… qui devrait, car cet arriéré de Capitaine Paul Watson de Sea Shepherd s’entête à leur couper la vague sous le pied.

Ce n’est pas tout, le gouvernement français vient également de décider l’abrogation des moratoires sur la chasse au courlis cendré et à l’eider à duvet, deux espèces en si mauvais état de conservation qu’elles sont classées sur la liste rouge de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature). Sans doute que, là encore, le sacrifice de ces oiseaux est rendu nécessaire par la curiosité scientifique. Et sans doute encore y avait-il urgence puisque l’État n’a même pas pris le temps de demander une évaluation scientifique au GEOC (Groupe d’experts sur les oiseaux et leur chasse), créé à la suite de la table ronde sur la chasse en 2008. Enfin, à la suite d’une récente rencontre avec les chasseurs à L’Élysée, Nicolas Sarkozy s’est engagé à rouvrir prochainement la chasse au grand tétras. Décidément, la France vise le prix Nobel en matière de recherche ornithologique. Ou en sciences électorales…

Mais pourquoi se limiter à la chasse aux oiseaux ? La France possède une biodiversité formidable qui pourrait faire progresser la science comme jamais. Modestement, voici ma proposition de nouvelles chasses scientifiques qui pourraient, par le plus grand des hasards, arranger chasseurs et éleveurs. Les chasses au loup et à l’ours pour étudier la digestion carnée. La chasse aux oiseaux de proie pour étudier le vol plané. La chasse à la tortue pour étudier les motivations d’un SDF. Mais aussi la pêche scientifique à l’anguille pour comprendre la mentalité d’une migrante. Il paraît que le Collège de France se tâterait pour créer une chaire de chasse scientifique…

Si vous aimez cet article, partagez le !