GENTILLE ALOUETTE

Dès le mois de février on peut entendre des alouettes champêtres. Ce sont soit des individus de passage en migration, soit des résidents revenus tôt de leurs escapades hivernales pour fuir le gel et la neige. Mais, c’est au cours des mois suivants, jusqu’à fin juillet, que les chants jubilatoires de ces populaires oiseaux se manifestent pleinement et ce, avant le lever du soleil.

Comme chez toutes les espèces de passereaux, la parade nuptiale, puis la revendication d’un territoire exclusif pour la reproduction obligent les mâles à chanter.

La particularité des alouettes réside dans le fait que leurs chants s’effectuent quasi exclusivement en vol. C’est après être devenu une tâche noire dans le ciel à des dizaines de mètres du sol, que l’oiseau débite ses vocalises dans un torrent jaillissant de notes aux tonalités élevées. Le chant de l’alouette est un des plus long et continu qui soit. Une strophe peut durer entre trois et dix minutes.

Après le durable vol stationnaire dans les hauteurs aériennes, les alouettes, toujours en chantant, redescendent en spirale alternant battements d’ailes et glissades. Arrivés près du sol, elles se taisent et se laissent chuter brusquement ne rouvrant les ailes repliées qu’au dernier moment pour atterrir en douceur.

A partir de là, il est difficile de les repérer. Leurs évolutions s’effectuent au ras du sol en marchant les pattes fléchies. Elles n’apparaissent que de façon furtive en franchissant les mottes de terre et les touffes d’herbe. Inquiètes, elles se tapissent à terre avant de s’envoler in extremis sur de courtes distances. Ces oiseaux se perchent rarement au sommet d’une plante ou d’un piquet. C’est frustrant pour les photographes animaliers.

Les alouettes sont inféodées aux milieux ouverts: cultures, friches, landes herbeuses, pâturages, prés humides. En automne et en hiver les grains de blé glanés dans les éteules, les semences de divers renouées, crucifères et autres plantes des champs constituent l’essentiel du menu.  A partir de la mi-avril les insectes et leurs larves, les araignées, les lombrics et petits mollusques dominent…On comprend alors que le développement de l’agrochimie ait fini par atteindre cette espèce : l’appauvrissement des populations d’insectes et de leur variété et la disparition de bon nombre « d’herbes sauvages » dans les cultures sous l’effet des pesticides rendent difficile la survie de l’espèce.

C’est au sol que les alouettes se nourrissent, dorment et nichent. Sans le couvert d’une végétation ligneuse protectrice dans leurs milieux d’adoption, adultes et couvées sont donc très exposés aux prédateurs: renards, mustélidés, éperviers, busards etc. Leur protection réside dans les couleurs terreuses et ternes de leur plumage qui ne les distinguent guère des lieux où ils évoluent et se dissimulent. Les spécialistes ont d’ailleurs constaté que ce mimétisme indispensable entraîne une variabilité individuelle de circonstance, de sorte que l’on trouve, selon eux, rarement deux sujets à la robe exactement pareille.

Cette espèce, comme toutes celles des champs, linottes mélodieuses, bruants jaunes, ou perdrix grises est en déclin depuis plus d’une vingtaine d’années. L’évolution des pratiques agricoles, comme l’emploi massif des pesticides, est le principal responsable. Dans bien des régions de France, ces petits oiseaux sont encore plumés, comme dans la chanson bien connue, par des chasseurs sans scrupules qui en tuent des dizaines de milliers !

L’alouette fait partie de ces espèces dont la chasse est une des causes majeures de la chute des effectifs après l’agrochimie : l’alouette est l’espèce la plus petite chassée en France. Lors de la dernière enquête nationale sur les tableaux de chasse à tir, il a été tué en une seule saison 637 550 alouettes ! Un chiffre qui caractérise la stupidité avérée de ce type de chasse. Heureusement, très peu de pays se permettent de chasser cette espèce. Seuls les Français, les Italiens et les Grecs trouvent distrayant de tirer sur de si petits oiseaux.

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