LA PERRUCHE A COLLIER « PARISIENNE » SOUS SURVEILLANCE

Membre de la famille des psittacidés, la perruche à collier est capable, comme bien d’autres perroquets – en captivité – d’imiter la voix humaine.

S’agissant de nos propres perruches à collier installées dans une vaste volière extérieure, celles-ci s’expriment plutôt bruyamment, mais plutôt dans leur propre langage !

On connaissait déjà la perruche à collier dans la Rome antique, à l’époque de Jules César, où un oiseau doué pouvait coûter plus cher qu’un esclave. Haute d’une quarantaine de centimètres, elle est dotée de magnifiques couleurs généralement unies (à part pour certaines hybridations) pouvant aller du jaune au vert, en passant par le bleu et le gris. Toutes les perruches à collier sont pourvues d’une longue queue et pour les mâles, d’un collier noir. Depuis une trentaine d’année et insidieusement, elle a entrepris de mettre sa touche de couleur et d’exotisme dans les parcs, bois et jardins franciliens.

Comme c’est souvent le cas, une espèce peut devenir endémique d’un lieu, d’une région ou d’un territoire plus vaste après s’être échappée de lieux de captivité plusieurs générations en arrière… Reine de l’évasion, les Anglo-Saxons l’ont surnommée la perruche Houdini. Une cinquantaine d’individus se seraient échappés d’un conteneur sur la zone aéroportuaire d’Orly en 1974. Le scénario s’est reproduit dans les années 1990, à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle. Depuis cette époque et la nuit venue, les perruches sont nombreuses à se regrouper tant en dortoir à Wissous à quelques kilomètres à vol d’oiseau (le mot pour rire…) d’Orly ainsi qu’à Roissy (95) en bordure des pistes. Selon la Ligue de protection des oiseaux (LPO), on dénombrerait aujourd’hui près de 1 500 individus en Ile-de-France.

À Antony, en région parisienne et toujours à proximité de l’aéroport d’Orly, certains habitants sont partagés. Depuis quelques années, une colonie a élu domicile dans le parc d’une résidence. Si l’oiseau et ses couleurs chatoyantes ravissent quelques personnes qui parfois les nourrissent, les déjections qui s’accumulent sur les voitures garées en contrebas ne sont pas du goût de leurs propriétaires…

On peut également en apercevoir au parc de Sceaux, au parc de la Vallée-aux-Loups à Châtenay-Malabry, dans le bois de Vincennes et au parc Monsouris. En Grande-Bretagne, où elle est apparue à la fin des années 1960, la population de perruches à collier s’élève désormais à environ 20 000 individus , dont 10 000 pour Londres et sa banlieue ! Et on la trouverait jusqu’au sud des Highlands. Dans le reste de l’Europe une colonie d’environ 10 000 individus vit dans la région bruxelloise. On la retrouve aussi à Zurich, Hambourg, Barcelone… Psittacula krameri manillensis est le psittacidé le plus répandu dans le monde. Celles qui se sont adaptées à notre pays sont originaires du sous-continent indien. Là-bas, elle est considérée comme nuisible. Elle mange en abondance des fruits et des graines. Elle serait responsable de la perte de près de 20 % des récoltes de maïs.

Comme le rappelle le journaliste Philippe Martinot, depuis 2008 l’observatoire de la faune britannique Natural England, a mis l’oiseau sous surveillance et autorise, sous condition, un propriétaire foncier à le tirer sans demander un permis.

Xavier Japiot, ornithologue à Paris Nature, le pôle biodiversité de la Mairie de Paris, explique qu’en France cet oiseau ne bénéficie d’aucun statut particulier. Cela n’empêche pas que certains ornithologues soient inquiets : la perruche à collier cause des dommages aux cultures, surtout aux arbres fruitiers, dans son aire de nidification naturelle. De plus, l’oiseau, cavernicole, est soupçonné de chasser d’autres espèces nichant dans les cavités comme les pics, les sittelles, les étourneaux voire les chouettes et même les écureuils.

En Ile-de-France, des ornithologues surveillent avec attention la progression de l’oiseau. Si l’état actuel et l’impact de cette population restent faibles, des études estiment cependant qu’elle pourrait être multipliée par dix dans les dix ans qui viennent. Parmi les mesures envisagées, ils préconisent de proscrire le nourrissage direct par le public, cause de la prolifération sauvage des espèces exotiques. Une mesure de bon sens, pour éviter que la perruche à collier ne devienne une «peste» céleste.

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