Je crois vous l’avoir déjà dit… tel un bourdon qui butine de fleurs en fleurs, je visite bien des endroits en profitant de mon métier de pilote de ligne. J’observe, je compare, j’écoute, je prends des idées, bref… je picore ça et là au gré de mes rencontres et de mes expériences.
Samedi midi, de retour de mon rendez-vous au jardin botanique de New-York (si vous passez par New-York, je vous conseille vivement la visite de ce bel endroit), je fais un stop par le magasin Home Depot qui se trouve à proximité de mon hôtel. « Home Depot » c’est un peu notre Leroy Merlin en version XXL et justement en pénétrant dans le magasin, je me rends compte que l’allée centrale est encadrée à perte de vue de produits « Roundup ».
Et lorsque je dis « à perte de vue », je n’exagère nullement. Je décide de m’avancer et je dois vous avouer que j’ai frémi en constatant en combien de produits et contenants différents était décliné le Roundup. J’ai pu constaté une fois de plus combien le poison « Roundup » faisait partie du quotidien des Américains.
Aux Etats-Unis, lorsqu’un américain a soif, il pense « Coca », s’il a faim il pense « hamburger » et s’il veut désherber son jardin (si petit soit-il) il pense à… Roundup !
Roundup est une marque d’herbicides produits par la compagnie américaine tristement célèbre Monsanto. La molécule active mentionnée sur le produit est le glyphosate que l’on retrouve dans les nappes phréatiques à proximité de là où il est utilisé, comme dans les eaux de certaines régions françaises : 55 % des nappes superficielles et 2,7 % des nappes souterraines (voir les rapports d’analyse des DDASS ou des SAGE) !
De nombreuses études ont démontré la toxicité du Roundup pour l’environnement : une étude réalisée par deux chercheurs français, Gilles-Eric Séralini et Nora Benachour de l’Université de Caen, ont fait des essais avec des cellules de nouveau-nés issues de cordons ombilicaux. Ils ont utilisé des doses de produits 100 000 fois inférieures à celles avec lesquelles le jardinier du dimanche est en contact.
Les résultats on été très explicites : le glyphosate et les adjuvants présents dans le Roundup programment « la mort des cellules en quelques heures avec extension aux tissus et aux ADN, pouvant provoquer des maladies chroniques« . Et les chercheurs de rajouter : »Les risques sont avant tout pour les femmes enceintes mais pas seulement », soulignant également des risques probables d’allergie et de cancer.
L’Académie américaine des sciences organisait le 10 mai un sommet sur les plantes génétiquement modifiées résistantes aux herbicides. Une réunion de crise pour être plus précis ! L’objet de la crise ? Très simple : Monsanto a déclaré aux agriculteurs américains pendant des années qu’avec les OGM résistants aux herbicides ils n’auraient plus jamais de problèmes avec les mauvaises herbes. Il leur suffisait de pulvériser du Roundup pour être tranquilles. Un seul passage était nécessaire pour tout détruire sauf les cultures dotées d’un gène de résistance. Les agriculteurs ont bénéficié de ce système au début : les rendements étaient meilleurs, le temps de travail et les coûts réduits. Aujourd’hui, ils déchantent, pire ils se rendent compte d’une situation qui risque d’être catastrophique.
Les mauvaises herbes deviennent résistantes elles aussi au Roundup, elles se multiplient très vite et envahissent les champs de soja, de maïs, de coton et de colza. Près de 8 millions d’hectares sont d’ores et déjà infestés. Et de se rendre compte qu’avec les herbicides, il se passe la même chose qu’avec les antibiotiques. À les utiliser trop souvent et systématiquement, ils perdent leur efficacité car les plantes développent des résistances ! Les OGM ont fait exploser la consommation de glyphosate : elle est passée dans les champs de maïs de 1,8 million de tonnes en 2000 à 30 millions de tonnes l’an dernier.
Chaque année, de nouvelles plantes sauvages développent des résistances. Leurs mécanismes de défense sont efficaces et, une fois sélectionnés, ils sont transmis à leur nombreuse descendance. On a déjà recensé près de 400 espèces sauvages résistantes !
En Alabama, l‘amarante de Palmer, une grande plante buissonnante qui pousse très vite et produit des millions de graines minuscules, infeste 80 % des champs de coton OGM et 61 % des champs de soja OGM. Le préjudice pour les agriculteurs est estimé à des dizaines de millions de dollars.
Pour faire face à la situation, Monsanto projette d’associer d’autres herbicides, ce qui accroîtra la pollution, et ajoutera très logiquement un nouveau gène de résistance dans les plantes cultivées. La sensibilité des plantes aux herbicides est un bien commun et l’agriculture industrielle est en train de le détruire. Pour faire plus court, on va dans le mur !
Des alternatives aux OGM sont d’ores et déjà recherchées. Des moissonneuses-batteuses capables de trier à part les graines des mauvaises herbes et de les broyer sont testées en Australie. La maîtrise des mauvaises herbes demandera sûrement plus de travail, mais c’est le prix d’une agriculture raisonnée avant qu’il ne soit définitivement trop tard…
Comme vous pouvez l’imaginer, l’emploi des herbicides est absolument prohibé au Relais du Vert Bois !
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